Après chaque journée de travail, l’artiste se prend en photo devant sa toile en cours. Il porte toujours les mêmes habits et est éclairé de la même façon. Comme dans ses peintures, il montre une image de l’écoulement du temps sur lui-même. Enfin, s’ajoute le son, avec l’enregistrement de sa voix énonçant en polonais la succession des nombres.
Ces photographies sont des autoportraits en noir & blanc de l’artiste. Ils sont cadrés de la même manière et Roman Opalka porte toujours une chemise blanche. On voit les marques du temps se former sur son visage qui devient de plus en plus ridé. Le titre 1965 / 1 -∞ signifie “1965 / de 1 jusqu’à l’infini”.
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Collection Musée d’Art Moderne et Contemporain de Saint-Étienne, acquis en 2011
Numéro d’inventaire : 2011.10.1 (1)
On observe dans cette série photographique le vieillissement de l’artiste. Il se confond de plus en plus avec le blanc de la toile qui est derrière. Ce choix de faire une œuvre qui accompagne le passage du temps mêle la vie et l’art d’Opalka. Avec un protocole qui est toujours le même, il traite en réalité de la mort.
Roman Opalka est né en 1931 à Hocquincourt (France) et mort en 2011 en Italie.
À partir de 1965, il décide de peindre uniquement des nombres sur ses toiles pour accompagner le temps qui passe. Il commence à 1 en haut à gauche de sa première toile et finit à 5,5 millions en bas à droite de sa dernière toile, en 2004. Il a donc passé 39 ans sur ce projet. Au commencement le fond de ses toiles étaient noir, mais au fur et à mesure des années il l’éclaircit jusqu’à ce que l’écriture des nombres ne distinguent quasiment plus du fond. Lorsqu’il termine sa journée de travail il se photographie devant son œuvre toujours habillé de la même façon. Lui aussi devient de plus en plus blanc au fil des années. Sa vie et son art ne font plus qu’un.
Médiums : peinture, encre, photographie, son
Mots-clés sujets : temps, mort et vie, autoportrait, universalité, minimalisme
Mots-clés techniques : écriture chiffrée, protocole photographique, effacement
“Ce que je nomme mon autoportrait, est composé de milliers de jours de travail. Chacun d’eux correspond au nombre et au moment précis où je me suis arrêté de peindre après une séance de travail.”
“Il faut prendre la mort comme réelle dimension de la vie.”