Dans l’installation À chaque stencil une révolution, Latifa Echakhch parle de l’esprit révolutionnaire qui a secoué l’Europe et les États-Unis dans les années 1960. Le titre de l’œuvre est une citation de Yasser Arafat (1929-2004), homme d’état palestinien, en référence aux grèves de mai 1968 en France et aux manifestations nord-américaines contre la guerre du Vietnam. À cette époque, on utilisait des machines à papier carbone et à pochoir pour imprimer des dépliants et des messages révolutionnaires. Au fil du temps, cette technique a été remplacée par des méthodes d’impression telles que la photocopieuse et les supports numériques.
Cette œuvre est une installation composée de feuilles de carbone format A4 tapissant les murs d’une pièce, aspergées d’alcool à brûler, faisant ainsi dégouliner le pigment bleu jusqu’au sol.
—
Collection Frac Grand Large, Hauts de France, acquis en 2009
Numéro d’inventaire : 09.02.1
Ces feuilles de carbone ont permis à de nombreux opposants politiques de faire des tirages de leurs tracts. Mais ici il n’y a pas de texte écrit, et c’est un peu comme si l’écoulement sur le sol emportait toutes les pensées qui ont pu s’y inscrire. L’installation nous immerge dans un bleu profond, la couleur de la mer, comme si tous les mots de révolte formaient un grand océan.
Latifa Echakhch est née en 1974 à El Khansa (Maroc).
Arrivée en France en 1977 à l’âge de 3 ans, l’artiste marocaine est porteuse d’une double culture. C’est pourquoi elle place au centre de son travail la question de l’identité et les actions de contrôle dans la société. Son œuvre se situe au croisement de la culture populaire, de l’histoire et de la mémoire collective. Latifa Echakhch interroge les mécanismes qui construisent la société en général, et particulièrement la société française.
Médiums : peinture, sculpture, installation
Mots-clés sujets : objets symboliques, société de contrôle, histoire personnelle et collective, décor, identité/stéréotype, poésie, matière, espace
Mots-clés techniques : in situ, encre, coulure, imprimerie, narration, effacement, trace
“J ’aime les mots et l’espace des mots. Mais, je me sens plus à l’aise quand je me sers d’objets et de matériaux. Avec les mots, l’intrusion est plus directe, plus intime.”
“Ce que j’aime dans le papier carbone c’est qu’il permet de dupliquer et qu’il fut, dans les années 1960, un outil privilégié pour reproduire et diffuser des tracts politiques.”