Kiluanji Kia Henda

Rusty Mirage (The City Skyline)

2013

Impression jet d’encre sur papier

66,5 x 100 cm

contexte :

En 2011, le gouvernement angolais inaugure une nouvelle ville : Kilamba City, prévue pour 160 000 personnes, mais qui restera en fait une ville fantôme, sans habitants. L’artiste s’intéresse à ces grands projets d’architecture qui ne tiennent pas compte des gens qui vont y vivre et de l’endroit où ils sont construits. Un spécialiste de l’architecture a appelé ça la « dubaïsation » en référence à la ville de Dubaï aux Émirats arabes unis. Là-bas sont construits des bâtiments toujours plus fous (plus grands, plus hauts, plus originaux…) qui ne servent pas vraiment la population locale mais uniquement les touristes étrangers.

description :

Dans sa série de photographies de sculptures, The Building Series (la série des bâtiments), l’artiste installe dans le désert de Maleha (émirat de Sharjah), des structures en tiges de métal qui forment le squelette de bâtiments. Le titre Rusty Mirage (The City Skyline) signifie Mirage Rouillé (La silhouette de la ville).

Collection Tate, acquis en 2016  

Numéro d’inventaire : P81608 

analyse :

En prenant en photo ces grandes silhouettes de volumes, qui sont déplacées au fur et à mesure, il signale l’absurdité de ceux qui construisent une ville pour la laisser ensuite devenir un mirage sans habitants. L’artiste se moque et dénonce en même temps les choix sans réflexion que peuvent faire parfois les gens de pouvoir et d’argent. Kiluanji Kia Henda ne garde que les arêtes de ses volumes sculptés pour insister sur le côté fantomatique de ces villes.

Kiluanji Kia Henda est né à Luanda (Angola) en 1979.

Il appartient à une génération de jeunes artistes angolais qui vivent et travaillent dans un pays qui a souffert d’une longue guerre civile. L’Angola n’obtient son indépendance qu’en 1975 et la question du devenir du pays, surtout de sa capitale Luanda, devient alors très importante. Après un retour à un certain calme, les richesses en pétrole et en diamant ont permis au pays un fort développement économique. À partir de ce moment-là, l’architecture devient un moyen de montrer la puissance et le pouvoir. C’est cette attitude au service des puissants plutôt que du peuple, que dénonce Kiluanji Kia Henda.

 

Médiums : sculpture, dessin, photographie, film, installation

Mots-clés sujets : colonialisme, architecture, utopie

Mots-clés techniques : maquette, squelette d’architecture, arêtes

L’acier des bâtiments se dresse comme un énorme squelette, si énigmatique que beaucoup se demandent si la ville a vraiment existé ou si ce n’était que la description d’un mirage par un poète dément dans sa lutte pour survivre au désert.”

 

La ville (Kilamba City) était stérile.”